Petit récit d’un jour au temple

5h20, un jour nouveau commence : -Koulala ! me crie Dô –Haaaai !, telle est la réponse. Je sors du futon, il fait un froid de canard, 3 degrés dans ma chambre ce matin. Je dévale les escaliers, bois une tasse de thé, et enlève mes chaussettes avant d’entrer dans la salle de prière ; j’allume un bâton d’encens et on commence les sûtras. « Mâkâ Hannyâ Haramitâââ… ».

De suite après vient une petite demi-heure de zazen, puis le ménage est expédié pendant que je prépare le petit déjeuner. 7h15 : riz bouilli, assorti de condiments et des restes de la veille. Le repas est avalé en 10 minutes, (assis sur les genoux, mieux vaut manger rapidement !). On allume ensuite le poêle à bois et, premier instant de détente et premiers mots de la journée : « ôHayô Gozaïmass ».

On boit le thé/café- de 7h30 à 8h15. Quand je dis « on », il s’agit de Dô-san le moine et de moi, mais très souvent, des gens viennent passer quelques jours au temple, qui se fait alors un peu auberge mais les règles ne changent pas.

Il est temps de s’occuper du dehors. Nourrir le chien, les poules, balayer, désherber, etc., mais aussi transporter de la bonne terre pour le futur agrandissement du potager, construire des trucs, un escalier, une clôture, etc.

   

11h : repas de midi, assez informel, suivi du sempiternel thé. Temps libre jusqu’à 13h, c’est rare et précieux du temps personnel, si bien que pour faire avancer couture, mails, lecture, etc., la sieste (hélas !) passe le plus souvent à l’as.

13h : reprise des travaux.

Ikebana, plants de haricots, courses, fabrication de balais en bambou et réparation de porte, accueil d’éventuels visiteurs (thé et petits gâteaux), couper du bois et faire le feu pour chauffer l’eau du bain, préparer le repas pour 17h30. Au menu : riz, soupe miso, légumes sautés et tsukemono (sortes de pickles).

Au passage, pour plus de photos du jardin etc., voir le blog du temple : http://fumonken.exblog.jp/

18h : Sûtras du soir (« Mâkâ Hannyââ, etc.). Bain, lecture, couture, bavardages

19h40 : départ pour le zazen au grand temple Kôshôji, celui du maître de Dô et où j’ai habité au début. Retour à 21h30, thé, bavardages, rangements.

22h : Sûtra du soir, extinction des feux.

C’est drôle parce que présenté de la sorte, on dirait qu’il y a plein de temps, mais comme tout doit en permanence être impeccable, le temps passe terriblement vite et je n’ai jamais le temps de faire ce que je veux. Mais je crois bien que c’est fait exprès. Tout est si régulé (de la manière de plier les chiffons au pied par lequel on entre dans la salle de prière…) qu’il n’y a pas de place ni de temps pour les desiderata personnels... on apprend ainsi à gérer la frustration, mais la concentration dans le respect de la forme permet aussi de s’oublier soi-même et donc de dépasser l’insatisfaction , enfin… parfois.